Critiques globales

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1) Le travail de Martial Caroff exploite encore davantage la dimension légendaire de la Bretagne. Dans sa tétralogie “Les Quatre Saisons d’Ys” (Terre de Brume), il revisite le mythe de la ville d’Ys et une partie de l’histoire de la fondation de la Bretagne, dans un cadre contemporain: “C’est la confrontation de ces deux mondes qui m’intéressait. Ce que j’ai voulu faire, c’est partir d’un thème profond et essayer de le respecter tout en l’inscrivant dans une réalité moderne”.

Benoît Broyart

Ar Men n°126 - Janvier 2002.

 

2) Né en 1964 à Landerneau, Martial Caroff est enseignant-chercheur à l’Université de Bretagne Occidentale, spécialisé dans la pétrologie magmatique. Il est l’auteur d’une tétralogie policière intitulée Les Quatre Saisons d’Ys, en cours de parution aux éd. Terre de Brume : Ys en automne, 2000 ; Ys en hiver, 2000 ; Ys au printemps, 2001 ; et Ys en été, à paraître 2002. Partant de l’étrange postulat que la ville d’Ys a été rebâtie peu après sa destruction au VIème siècle, l’auteur entreprend de raconter l’histoire de la cité mythique jusqu’à nos jours, dans un style bariolé où se mêlent lyrisme et dérision. Thèmes antiques et préoccupations contemporaines sont entrelacés dans des intrigues complexes qui structurent une oeuvre résolument originale et allègrement iconoclaste.

Dictionnaire des écrivains bretons du XXe siècle. Presses Universitaires de Rennes, 2002.

 

3) En publiant au début de l’année 2000 Ys en automne, Martial Caroff offre à ses premiers lecteurs un petit chef-d’oeuvre inaugural. Non seulement son écriture, savante et délicate, sert à bonheur, à long plaisir d’esthète, le cheminement brutal d’une intrigue heurtée de violence mais, dans le même élan, elle subvertit les canons du roman policier par un va-et-vient vertigineux entre les époques, du Haut Moyen Age à l’entrée dans le troisième millénaire.

Brodant à longues phrases limpides sur le thème fondateur de la ville engloutie, le mêlant avec cocasserie à une peinture sans concession du tout petit monde universitaire d’aujourd’hui, ou aux pulsions intemporelles d’un assassin, le jeune écrivain - au civil professeur de géologie, spécialiste des magmas - est avec le même bonheur tranquille, styliste fluide et architecte rigoureux. C’est le vent de l’intelligence qui court dans son livre iconoclaste, nourri avec une semblable aisance de la langue de Platon, du gallois moyen - langue la plus proche du brittonique insulaire parlé au VIe siècle! - et de l’argot placide et caricatural des justiciers modernes.

Premier volet d’une tétralogie dont on découvrit vite l’hiver, le printemps et l’été, Ys en automne fut d’emblée un feu d’artifice polychrome sur le fond endeuillé du désastreux polar régional contemporain.

Alain-Gabriel Monot. Proses de Bretagne, La Part Commune, 2006.

 

4) Le roman régional noir est à la mode. Ad nauseam ! Terrible indigence de la plupart de ces “polars bretons” mal écrits, ennuyeux, ineptes, tristes décalques poussifs du genre inauguré dans les années 1970 par le talentueux Jean-François Coatmeur et poursuivi aujourd’hui avec intelligence et humour par Jean Failler. Mais s’agit-il même de romans quand le style est uniformément plat, quand les situations les moins originales s’enchaînent à pénibles renforts de lourdes ficelles, tristes rédactions de mauvais élèves - encore les enfants ont souvent de la fraîcheur - qui n’auront de cesse qu’elles n’aient labouré littéralement et méthodiquement le territoire, comme aux heures les plus sombres du remembrement, de Lorient à Brest, de Bréhat à Ouessant, et jusqu’à Plogonnec (oui, Plogonnec !) ou Inzinzac-Lochrist. Misère !

Cent coudées au-dessus de cet anodin désastre, la tétralogie de Martial Caroff Les quatre saisons d’Ys (Editions Terre de Brume, 2000 à 2002) se donne à lire comme un petit chef-d’oeuvre inaugural et original. Usant a priori de la même “veine criminelle” que les tâcherons à l’instant décriés, le jeune romancier fait don, lui, d’un véritable “plaisir du texte”. Son écriture, savante et délicate, sert à bonheur, à long plaisir d’esthète, le cheminement brutal d’intrigues heurtées de violence. Dans le même élan, elle subvertit les canons convenus du roman policier classique par un mouvement vertigineux et constant entre les époques, du haut Moyen Âge à aujourd’hui. Brodant à longues phrases limpides sur le thème fondateur de la ville engloutie, le mêlant sur le mode cocasse à une peinture sans concession du “tout petit monde” universitaire d’aujourd’hui, ou aux pulsions dévastatrices d’un assassin contemporain, l’écrivain est, avec le même bonheur tranquille, styliste fluide et architecte rigoureux. C’est, pour dire le vrai, le vent de l’intelligence qui court dans ses livres iconoclastes nourris avec une semblable aisance de la langue de Platon, du gallois moyen et, bien entendu, de l’argot placide - “plaisir du texte” encore - de nos modernes justiciers.

Premiers ouvrages d’une oeuvre dont on attend avec une impatience goulue les prochains développements, Les Quatres Saisons d’Ys sont un feu d’artifice polychrome sur le fond malencontreusement endeuillé du “policier régional” contemporain.

Alain-Gabriel Monot. Ar Men n°152, mai-juin 2006

 

5) Voilà, j'ai commencé à lire cette tétralogie, et je l'adore! C'est un style très incisif, avec des personnages bien étudiés et atypiques, ça mêle l'intrigue policière "classique" aux légendes les plus mythiques du monde celte, c'est bourré d'humour du début à la fin, et c'est vraiment très, très bien écrit...

C'est le titre qui m'avait attiré l'attention, en flânant dans les dictionnaires de mythologie celtique j'avais toujours été particulièrement fascinée par Ys et Dahud (ou Dahut, l'orthographe est toujours en option dans les mythes celtes)...

Tortoise, 13 juin 2006.

http://tortoise.over-blog.net/article-2996263.html

 

6) Ce livre regroupe quatre romans plus un inédit reprenant chacun une enquête criminelle dans la cité d'Ys. Ys c'est cette cité légendaire de Bretagne qui fut engloutie par les flots. Nous sommes bien à notre époque et Ys qui a été reconstruite est le théâtre de crimes bizarres, sanglants qui tournent tous autour de la Cité, des personnages de sa légende et de ses mystères.

On y croise donc Quentin Le Louarn qui prépare une thèse de paléontologie en scrutant un vieux cailloux portant des traces de fossiles et de temps en temps il joue les détectives amateurs. En fait plus on avance dans les romans, et plus il s'implique dans les enquêtes. Il aide donc dans ses enquêtes l'irascible Bruno Krafft un policier lorrain exilé en Bretagne et qui se demande régulièrement ce qu'il fout dans ce pays de timbrés. Krafft travaille aussi avec Jacky LeMoigne un enfant du pays lui, plus avenant que son collègue, il sert de tampon entre son coéquipier enragé et le non moins enragé commissaire Fabian leur supérieur vu que ces deux là se haïssent réciproquement. Au cours des différentes saisons (automne, hiver, printemps, été, hors saison), on finit par croiser d'autres personnages récurrents. La plupart sont des universitaires, car Ys peut s'enorgueillir d'avoir un important centre universitaire de recherche L'IRLCD (L'Institut de Recherche des Langues et Civilisations Disparues) là où travaille Quentin à sa thèse. Du reste c'est dans ce lieu prestigieux de la recherche qu'à lieu la première mort suspecte Mais, on y croise également Dédé qui tient un bar où se réunissent de temps en temps nos braves héros luttant contre le crime, une vieille apothicaire, Claude le clochard qui rêve en images de héros de fantasy quand il ne tombe pas sur des cadavres et les autres.

Ys est une cité qui mélange urbanisme moderne et vieilles habitations médiévales, c'est une ville piétonne où les voitures n'ont pas droit de cité (sauf pour Bruno Krafft qui est du genre à s'en foutre totalement), c'est une ville où les ombres de la légende rodent encore : la princesse Dahut, son père peut-être incestueux Gradhlon, les religieux Corentin et Guénolé et l'inconnu mystérieux peut-être le diable ou un de ses serviteurs qui causa la fin d'Ys. Chaque saison est sous l'influence d'un de ses personnages, car leur histoire se répète sans cesse dans l'histoire de la cité. La dernière histoire introduit un autre personnage de légende dont on va beaucoup reparler aux alentours du 1er mars sur les blogs des unes et des autres. Et puis couche par couche, on découvre de nouveaux secrets concernant la ville, car toutes les enquêtes tournent autour de ces secrets.

Il va sans dire qu'il vaut mieux lire les livres dans l'ordre pour s'y retrouver donc l'idée d'un seul volume est une bonne initiative. Il s'agit de vrais polars mais dans une ville qui n'existe pas puisque l'auteur crée une sorte d'uchronie en posant comme principe qu'Ys a été rebâtie après sa destruction. Or cette ville imaginaire finit par devenir totalement réelle, on se prend d'envie à aller visiter la rue des Intentions Droites, son prestigieux IRLCD, de croiser ses figures locales, d'aller voir l'incroyable Grande Bibliothèque Lithique, et c'est avec regret que l'on quitte tous ses habitants et ses héros une fois le livre fini. Les histoires liées les unes aux autres par la mythologie d'Ys finissent pas devenir passionnante et difficile à lâcher. Alors que j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans la première enquête (sans doute à cause des changements de ton dès qu'arrive l'inénarrable Bruno Krafft qui a un langage des plus imagés et pas forcément des plus élégants), j'ai finis par apprécier l'ambiance, le décor, les personnages, les secrets d'Ys et les intrigues criminelles parfois bien tordues.

Jeudi 7 février 2008

Chimère

http://alivreouvert.over-blog.net/article-16394996-6.html#anchorComment

 

(Et aussi, butiné sur un forum de discussion -6 bis- :)

"J'ai donc changé pour :

Un mot sur Salgren, la drôle d'éminence à l'entrée du Chemin de la Mer. C'est un rocher creux gorgé d'histoire qui renferme aussi la plus étonnante bibliothèque du monde : La Grande Bibliothèque Lithique. Oui la plus ahurissante je pèse mes mots ! Il faudrait trois romans au moins pour t'expliquer sa fondation et sa renaissance. Ou alors un récité de trois nuits ininterrompues... (extrait)

(Les Cinq Saisons d'Ys de Martial CAROFF )

Un extrait qui m'a beaucoup plu, sans savoir pourquoi puisqu'il apparaît dans le prologue et qu'il faut attendre un peu plus de trois cent pages pour voir apparaître cette fameuse bibliothèque... mais que de révélations à son sujet !"

10 février 2008

Chimère

http://parfumdelivres.niceboard.com/t1662p15-signatures-des-membres

 

7) Mon avis : Callophrys m'avait donné envie de lire ce cycle, elle a bien fait. Elles sont très étonnantes ces histoires policières qui s'appuient sur un passé historique qui n'existe pas vraiment et qui se déroulent dans une ville qui aurait pu exister. Les personnages sont attachants, même si parfois le sieur Bruno pousse le bouchon un peu loin. Ajoutez à cela des scientifiques bien mabouls, dans trois des histoires il est largement démontré que la curiosité peut être un très vilain défaut entraînant de graves conséquences et une façon d'écrire qui mêle lyrisme, poésie et langage bien prosaïque qui séduit rapidement. Bref, voilà une ville mythique qui revit grâce à Martial Caroff et qu'on aimerait bien visiter.

Martine27

http://moncarnetamalices.over-blog.com/article-31670772.html

 

8) Martial Caroff, né en 1964 à Landerneau, Maître de Conférences en géochimie à Brest, revisite le mythe d’Ys, la ville engloutie. Il l’imagine transformée au cours des siècles en un patchwork architectural où les reliques antiques côtoient les buildings avant-gardistes. En enquêtant sur des crimes, un flic et un paléontologue, Quentin et Bruno (« Je me suis coupé en deux pour créer mes deux personnages prinicpaux Quentin et Bruno. Je suis 50% de l’un et 50% de l’autre. Au millimètre près. »), raniment la mémoire de la cité au cours d’une épopée inclassable, fantastique, utopique, d’un réalisme noir. Etonnant. Son cycle vient d’être réédité en un seul volume, Les Cinq saisons d’Ys, chez terre de Brume.

Nathalie Couilloud.

Promenades littéraires en Finistère, juillet 2009.

 

9) Hors-Saison:

Et voici donc le dernier épisode de la pentalogie des Saisons d'Ys. Cinq saisons, cela peut sembler beaucoup : Martial Caroff imagine que sa ville uchronique possède un micro-climat dans lequel, au mois d'Octobre, existent quelques jours où les influences des quatre saisons se retrouvent et se succèdent... Une véritable "cinquième saison" propice, sept ans après les événements des quatre premières saisons, à une redécouverte des personnages, des lieux et de leur légende.

Résumé :

Sept ans après le suicide collectif de l'Eté d'Ys, Quentin a pris du galon : devenu maître de conférences à l'IRLCD, son travail l'accapare de plus en plus et il s'est éloigné de sa compagne de toujours, la très littéraire Nolwenn. Bruno, lui, a quitté la région, emportant avec lui son attirance pour la même Nolwenn. Il va pourtant devoir revenir faire un tour à Ys, car ses anciens amis ont besoin de son talent d'enquêteur... En effet, Nolwenn a disparu ! Quelques mois plus tôt, très atteinte par sa rupture d'avec Quentin, elle s'est liée à Ronan, cadre chez Ys Conchylia, puissante entreprise de l'agroalimentaire spécialisée dans la coquille Saint-Jacques... Pourquoi Ronan voue-t-il cet intérêt presque maladif à certaines oeuvres de Villon ? Sans le vouloir, Nolwenn aurait-elle mis au jour un pan ignoré de l'histoire d'Ys ?

La cinquième saison de la pentalogie d'Ys n'obéit pas tout à fait aux mêmes règles que les trois premières. S'il fallait identifier un lien de parenté, je dirais qu'il se trouve plutôt avec la quatrième saison, celle du renouvellement. A nouveau, on se trouve dans une histoire de société secrète, même si cette fois-ci Bruno et Quentin sont confrontés à un groupe implanté à Ys depuis des siècles. L'urgence, pour ces deux personnages, c'est le sauvetage de Nolwenn, membre historique du groupe, présente dès la première saison, et dont l'aide aura toujours été précieuse... En fin de compte, c'est pour elle que Bruno choisit de revenir à Ys, alors qu'il avait juré de ne plus remettre les pieds dans cette ville qu'il abomine... Quelque part, le destin ne l'exigeait-il pas ? Le destin, voilà un élément qui semble primordial dans cette ville d'Ys, détruite deux fois, reconstruite deux fois, promise de temps en temps à une nouvelle destruction, et où des personnages plus ou moins allumés viennent tenter de rejouer le drame de la légende à différentes époques... Du Haut Moyen-Âge jusqu'à l'époque contemporaine en passant par le XVème siècle, et certains personnages historiques venant s'y greffer à merveille. Comme si les lieux eux-mêmes étaient propices à l'expression et à la réécriture de la légende...

Seul défaut de cette cinquième saison, l'intrigue est peut-être un peu courte, un peu ramassée. La société des coquillards aurait peut-être mérité d'être explorée plus en avant mais... après tout, Quentin ne dit-il pas à sa nouvelle compagne que la "cinquième saison", à Ys, ne dure que quelques jours ? C'est en tout cas une conclusion fort bien menée pour cette série intelligente et, osons le dire, originale. Merci !

Anudar

28 février 2011

http://grandebibliotheque.blogspot.com/2011/02/les-cinq-saisons-dys-hors-saison.html