Critiques libérées

Commentaires extraits de livres, revues, sites et blogs. En cas d'opposition de la part d'un chroniqueur ou d'un organisme à la publication de son texte sur cette page, me contacter. Le passage sera aussitôt retiré ou remplacé par un lien. MC.

 

1. Martial Caroff qui dans le civil enseigne les géosciences à l'UBO est à ses heures perdues - à moins que ce ne soit l'inverse ! - auteur de roman policier. Un genre longtemps réputé mauvais qu'il est aujourd'hui bon de désigner sous le vilain nom de "polar".

En cette mi été Caroff signe donc sous le titre évocateur de " Liberté pour libertine" la 8 e aventure du cyber enquêteur. Aventures et enquête qui mènent le lecteur de Bréhat à Serq dans le sillage de quelques olibrius n'aimant rien tant que de se vautrer dans la plus sulfureuse des luxures.

Le 7 e du genre et son auteur, qui signe Louarnig Gwaskell, invitent également les lecteurs sur une île - Belle île en mer - où un trafic d'OGM s'annonçait fructueux jusqu'à ce que ce diable de Tanguy ne se mêle de ce qui ne le regardait pas... ou presque, la disparition d'un copain à lui, un vrai de vrai un tatoué...

Deux petits livres tout à fait comme il faut, en ces époques estivales, pour la plage ou la campagne !

"Mauvaises graines", Louarnig Gwaskell, 252 pages, 8 € Editions Coop Breizh

"Liberté pour libertine", Martial Caroff, 196 pages, 8 € Editions Coop Breizh

Le premier ouvrage de la série, "Les jeunes ne tiennent pas la marée", de Gérard Alle, et accessoirement père de Léo Tanguy, est en retirage... 5 000 exemplaires ont été vendus depuis sa sortie au printemps 2008 ! Une affaire qui roule !

http://www.agencebretagnepresse.com/print.php?id=15779tableau=

2. Dans “Liberté pour la libertine”, de Martial Caroff (Coop Breizh, 2009), on retrouve avec plaisir notre ami jounaliste Léo Tanguy, cette fois plongé dans des rites sexuels échangistes qu’il maîtrise mal : “C’est un jeu, soit ! Mais quel jeu, quelles en sont les règles ? Le libertinage n’est pas plus anticonformiste que quelque autre activité sociale que ce soit. Quoi que différentes, les conventions sont très prégnantes (…) Le monde libertin est un monde à l’envers, où les femmes ont le pouvoir et les hommes deviennent des objets de désir. Mais ainsi que dans toutes les sociétés fermées, il y a plusieurs niveaux d’initiation. Léo sent qu’il y a plein de choses qu’il n’a pas comprises…” Il conserve une certaine distance avec cet univers non dénué d’hypocrisie mondaine. Mais c’est un justicier, pas un moralisateur. Parmi les proches de Léo, c’est surtout Dominique qui tient ici un rôle actif. Après Bréhat, Léo découvre les beautés, l’Histoire et les mystères de l’île de Sercq.

Le cyber-reporter Léo Tanguy a rendez-vous sur l’île de Bréhat avec Jacques-Pol Goaziou. Le journaliste n’éprouve guère de sympathie pour cet homme d’affaire, qui exploita une boite à partouzes dans la région. Sujet à des rumeurs de sanglantes orgies, le club a fermé après un incendie. Goaziou en a créé un autre - toujours destiné à une clientèle de libertins friqués - sur l’île anglo-normande de Sercq, dirigé par Mylène Cerjac. Suite au meurtre d’un client de ce club Libert’île, Mylène a été emprisonnée. Goaziou souhaite que Léo Tanguy prouve l’innocence de la gérante. “Vous savez, moi, le monde du sexe à paillettes, ça me branche pas plus que ça. Mais puisque vous me dites qu’il y a de la merde à remuer…” répond Léo, acceptant la mission.

Grâce à son vieil ami coiffeur homo Dominique, Léo découvre les clubs libertins du secteur de Lannion. Il y fait la connaissance de la chaude Liza, qui va l’accompagner à Sercq. Léo ne doute pas qu’elle soit à la solde de Goaziou. Avant leur départ, il interroge l’ex-animateur télé Roger Servières, qui a fréquenté les luxueuses soirées orgiaques du club incendié. Plus tard, il faudra aussi fouiller de ce côté-là, se dit-il. Léo et Liza se rendent sur Sercq, où ils sont attendus au Libert’île. Pour Cobo, le policier de Guernesey présent, les faits incriminent Mylène. Il est vrai que son alibi, un scientifique, a vite fichu le camp. Léo rencontre l’aimable constable local Heaume, paysan-policier, et l’étudiante en géologie Pauline, qui lui semblent de francs alliés.

Léo ne tarde pas à trouver un témoin. Cet adolescent voyeur confirme l’alibi de Mylène, qu’il avait coutume d’observer. Convaincu, le policier Cobo fait libérer la gérante du club. Léo s’avoue troublé par la belle Mylène, métisse antillaise qui lui rappelle un amour défunt. Elle concocte pour lui de curieux cocktails, et organise une fête sexuelle qui excite plus les autres clients que Léo. Reste pour le reporter à démasquer le véritable assassin, même si Goaziou ne le lui a pas demandé. Par une nuit de pluvieuse tempête, Léo entreprend de visiter les anciennes exploitations minières de Little Sark, où Pauline aurait vu des ombres menaçantes. Ce que Léo va découvrir, en s’exposant au danger, pourrait conclure l’affaire. Mais il a encore des comptes à régler sur l’île de Bréhat…

C’est à une enquête en plusieurs étapes que nous convie l’auteur, multipliant les péripéties. Scénario et narration sont solides, Caroff possédant une vraie écriture. Une aventure captivante, dans la meilleure tradition du roman populaire.

Par Claude LE NOCHER

http://action-suspense.over-blog.com/article-35110230.html

3. Toujours aux éditions Coop Breizh, la collection des Léo Tanguy s’étoffe et confirme sa bonne tenue. A rebours de trop nombreux polars régionaux dépourvus de la moindre qualité littéraire, le cycle de Léo fait appel à de fines plumes rebelles. Liberté pour la libertine de l’excellent Martial Caroff nous transporte sur les îles de Bréhat et de Sercq dans une farandole coquine et jubilatoire. On se délecte à retrouver le talent intact de l’auteur remarqué des Saisons d’Ys.

Alain-Gabriel Monot

Hopala ! n°32, septembre-décembre 2009.